Bienvenue sur la page francophone du Gameblog de Thiagi. Cette page vous est proposée par l'équipe de Mieux-Apprendre, créatrice et animatrice du site www.thiagi.fr et de son thiagipédia. Cette page, ce mois-ci, est rédigée par Bruno Hourst. L'illustration est de Jilème.
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Les linguistes sont d'accord : la langue française est bien plus riche que la langue anglaise. Pourtant, les Français adorent utiliser des mots anglais – ou surtout américains – et les intégrer dans leur manière de parler : ils ont ainsi l'impression d'être au « top » de ce qui se fait de mieux. Cette manière d'emprunter des mots à des civilisations supposées être plus intelligentes que la sienne ne date pas d'hier : les Romains utilisaient des mots grecs, les gens du Moyen-Age utilisaient des mots latins...
On voit ainsi des mots anglo-saxons, francisés, devenir à la mode et se répandre, en particulier dans le monde de la formation. Cela m'agace, à vrai dire. Par exemple, le mot anglais « agile » est maintenant utilisé à tord (et largement à travers) sous la forme francisée de « agile » : tout maintenant doit être « agile », sous peine d'être définitivement out - hum, excusez-moi : sous peine d'être définitivement ringard, vieillot, dépassé, périmé, désuet, caduc, démodé, obsolète. Par exemple, que signifie un « jeu agile » ? Un jeu où l'on fait preuve d'agilité ? Pas du tout. Un « management agile » doit-il être basé sur la capacité du manager à grimper aux troncs des gros arbres ? Qu'est-ce qu'un « coach agile » est censé faire ou savoir faire ? On frise là une certaine absurdité linguistique, en attendant le prochain mot à la mode.
Mais parfois, soyons honnête, il est difficile de trouver un mot français équivalent à une notion exprimée par un mot anglais. C'est le cas du mot « facilitator ». C’est un peu « l’accoucheur » de Socrate et de sa maïeutique. On pourrait le traduire par le mot « modérateur », mais ce mot a pris un autre sens sur les forums et les réseaux sociaux.
Donc acceptons le mot « facilitateur », car il exprime mieux que le mot « formateur » ce que l'on peut attendre aujourd'hui de la formation : aider les apprenants à apprendre, et non pas les « former » en leur imposant un cadre rigide. Et le même terme peut être proposé aux enseignants.
Bien entendu mais il est bon de le rappeler : Thiagi a fait – et fait encore – beaucoup pour développer cette nouvelle vision de la formation, où l'on est plus facilitateur que formateur. Qu'il en soit, une fois de plus, remercié.
Mais qu'est-ce qui fait un bon « facilitateur » ? C'est le thème du jeu que je vous propose ce mois-ci.